Parents : gérer ses propres émotions

Illustration de Caroline Attia



“Vous dites : c’est épuisant de s’occuper des enfants. Vous avez raison. Vous ajoutez : parce que nous devons nous mettre à leur niveau. Nous baisser, nous pencher, nous courber, nous rapetisser. Là, vous vous trompez. Ce n’est pas tant cela qui fatigue le plus, que le fait d’être obligé de nous élever jusqu’à la hauteur de leurs sentiments. De nous élever, nous étirer, nous mettre sur la pointe des pieds, nous tendre. Pour ne pas les blesser.” – Janusz KORCZAK, prologue de Quand je redeviendrai petit


Le poids des émotions et de la colère

Les émotions des enfants sont pures et dénuées de nuances. Elles sont entières, prenantes et parfois envahissantes, que ce soit dans la joie ou dans la peine. Elles peuvent en effet être difficile à comprendre, cerner, accompagner ou même à supporter pour les adultes que nous sommes aujourd’hui. Nous passons notre vie à apprendre à gérer nos émotions ; les enfants, eux, sont encore dans cet apprentissage. Leur cerveau n’est pas encore assez mature pour accepter la demi-mesure et c’est pour cela qu’ils y arrivent “moins bien”. Mais arrivons-nous nous-même à tout le temps gérer notre colère ?

Nous pouvons tous être submergés sous le poids et l’intensité de nos émotions. Elles sont naturelles, relèvent de notre essence et de notre humanité. Le patron qui ne cesse de nous faire des remarques que l’on trouve injustifiées ? Le repas de famille qui dégénère suite à une remarque déplacée ? L’enfant qui refuse d’aller se coucher, qui se relève pour la douzième fois, qui veut son verre d’eau, son doudou, un bisou, qui s’énerve, alors qu’on sait qu’il est fatigué ? Ces quelques exemples feront forcément écho en chaque parent, avec cette question comme éternel refrain : comment accompagner son enfant dans le débordement de ses émotions alors que nous-mêmes sommes déjà tiraillés ? 

Tous les parents se trouvent un jour débordés par la “colère” de leur enfant. Et cela qu’importe l’expérience, le nombre d’enfants ou la connaissance théorique que l’on peut avoir sur son développement. C’est normal, légitime et naturel. On peut donc se sentir seul face à cela, isolé, perdu ou en détresse. En tant que parent, la “colère” de l’enfant peut avoir un caractère difficilement supportable ; elle nous renvoie à nos propres angoisses et difficultés. Il nous appartient de prendre de la distance avec ce que nous ressentons, avec nos propres émotions pour accueillir celles de l’enfant de la manière la plus bienveillante possible et en les considérant pour ce qu’elles sont : entières et brutes.


L’inexorable rappel à notre histoire

L’histoire de chaque parent a une incidence sur ses émotions et sur ses capacités à gérer celles de ses enfants. Aviez-vous le droit d’être triste quand vous étiez enfant ? ou en colère ? ou pas d’accord ? Les règles, les punitions administrées, l’accueil des émotions ; autant de principes éducatifs qui construisent l’adulte en devenir. A notre tour, comment permettre à nos enfants de se sentir compris et écoutés ? 

Vous n’y arriverez certainement pas à tous les coups. Et heureusement ; il est normal que l’enfant soit parfois submergé. Il développe alors ses capacités à s’adapter et à surmonter les épreuves de la vie. L’adulte a pour rôle de rendre ces étapes plus constructives encore. C’est bien chez le parent que l’enfant va puiser ses ressources ; vous êtes son pilier, son protecteur et son monde. Il s’ouvrira à lui-même et aux autres selon ce qu’il perçoit de vos comportements et réactions. Cette éducation sera influencée par celle que vous avez vous même reçue, soit en cherchant à la comprendre et à s’en éloigner, soit en cherchant à la reproduire. 


Le miroir de qui nous sommes 

Vient s’ajouter une dernière question, celle de votre présent. Vos réactions  aux émotions de l’enfant diffèrent selon la manière dont vous vivez votre statut de parent : votre parcours pour avoir un enfant, le degré d’épuisement ressenti, l’impression de renoncement perçue, etc.

Lister les attentes premières de la parentalité et les comparer avec ce qu’elle est en réalité, voilà un exercice pour mieux comprendre les frustrations ou les joies ressenties, et in fine, pour mieux se connecter à nos propres émotions et accompagner celles de nos enfants.

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